Underneath the mask (Remus - fb)

underneath the mask

---

MELPOMÈNE ET REMUS

25 AOÛT 1952

L'attirance de la benjamine des Black pour la magie noire n’était une surprise pour personne. Elle coulait au creux de ses veines tout comme elle étincelait au fond de celles de ses frères. Là se trouvait leur passé, leur futur et leur héritage. Depuis toute jeune, Melpomène avait toujours apprécié l’ambiance de l’Allée des Embrumes. La petite ruelle miteuse était certes à des années lumières des parures dorées et des goûts luxueux de la princesse au sang noir, mais il y régnait une atmosphère viciée qui savait caresser ses plus morbides instincts. Potions mortelles, artefacts ensorcelés, il se glissait entre les pavés bon nombre d’objets interdits. La magie noire suintait d’entre les murs, faisant pulser le sang de l’héritière. Le nom des Black se murmurait, était bien connu des habitués du lieu. Ne s’étaient-ils pas imposés, après tout, comme les maîtres en matière de magie noire. Fût un temps où le prénom de Janus se déclamait ici comme un modèle. Doucement, la silhouette de la louve se glisse dans la ruelle. Elle ne sait pas ce qu’elle cherche, Melpomène. Le collier ornant son cou et cachant aux yeux du monde les stigmates laissées par la lune sur son corps pulse contre son plexus. Un objet empreint de magie noire parmi tant d’autres. La lycanthropie de la Lestrange n’est plus un secret pour personne, mais cela n’empêche pas la sorcière de porter sa parure ensorcelée avec fierté. Elle avait beau porter la lune au creux de son coeur, la vue de ses pupilles mordorées et de son corps vrillé de cicatrices était intimement réservée à celui qui était maintenant son mari. Le reste du monde continuait à n’avoir droit qu’à son masque de glace de reine parfaite sous tous rapports.

Vêtue d’une longue robe de dentelle noire comme à son habitude et les mains lourdement parées de bagues dorées et de pierreries, le serpent s’avance entre les marchants aux visages cachés sous d’épaisses capuches. Elle ne s’est pas couverte, Melpomène. Ses longs cheveux noirs coulent sur ses épaules, ses yeux marrons dardant la ruelle d’un air mi hautain, mi intéressé. Le lieu n’a pas tellement changé depuis l’installation des Mangemorts sur le Chemin de Traverse. Si le reste de la rue commerçante est maintenant baignée d’une atmosphère lourde et pesante (le sang versé lors de la prise tachant encore ci et là le sol), l’Allée des Embrumes est restée fidèle à elle-même. Sombre et pleine de secrets. Alors que la sorcière est plongée dans la contemplation de la vitrine de chez Barjow et Beurk - ses yeux irrémédiablement attirés par un médaillon supposé créer d’insupportables douleurs (ne serait-ce pas terriblement utile pour se venger du chasseur, pense la louve) - un bruit de pas familier attire son attention. La lune a entraîné chacun de ses sens dans son sillage. Melpomène se retourne donc dans un geste leste, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres ourlées de rouge carmin lorsque la silhouette de son frère se dessine devant ses yeux.

Les relations de la benjamine avec son aîné n’avaient jamais atteint l’intensité tactile de la connexion qu’elle partageait avec Helios, mais il n’en restait pas moins son frère. Une partie de sa vie. Une partie de son sang. Sa main se pose sur son bras alors que celle qui est maintenant mariée à son meilleur ami souffle d’un ton chantant - « Ca me fait plaisir de te voir, Remus ! » en guise de bonjour. Il est rare que le frère et la soeur n’aient l’occasion de réellement passer du temps en tête à tête. Il y avait habituellement toujours Helios ou Caerwyn pour tempérer leurs caractères volcaniques. La sorcière replace une mèche corbeau derrière son oreille, esquissant un nouveau sourire carnassier en direction de la vitrine se trouvant derrière elle. « Je reviendrai sûrement chercher ce médaillon… » souffle t’elle en laissant ses orbes foncées se poser une dernière fois sur le métal argenté. Il y a une flamme au fond des yeux de Melpomène qui semble ne plus jamais s’éteindre. La vengeance. La colère. La haine. Elle finit par détourner le regard dans un soupir, se concentrant de nouveau sur son frère. « Tu as le temps pour une ballade ? » Car derrière ses grands airs et ses manières, Melpomène a besoin des siens.