Duo 8: Zornitsa Levski & Hadès Georgiev

Elle se réveille, allongée sur un sol froid et dur. Elle essaie tant bien que mal de ne pas hurler de sa douleur à la tête. Elle ne sait pas où elle est, ce qu'elle fait là, l'heure ni le jour. Elle n'a plus conscience de rien. Si ce n'est que cette affaire est des plus étranges. Elle entrouvre les yeux, puis les ferme. Une façon stupide et enfantine de faire. Comme si tout ceci n'était qu'un rêve. Comme si tout allait disparaître. Et revenir à la normale. Après quelques secondes, des soupirs de protestation, elle rouvre les yeux. Elle ne panique pas, mais elle pourrait bien. Elle tente de se lever, le corps lourd, la poitrine pesante. L'air ici est froid, pesant, dérangeant. Elle regarde autour d'elle. Elle n'est pas seule. Elle le reconnaît. Elle l'a déjà vu, ça et là, à de nombreuses reprises, lors de ces fêtes interminables et nécessaires. Ils ne se sont pourtant jamais adressés la parole plus que ça. Elle ne prête guère attention à lui. En face d'elle, de nombreuses portes. Toutes sombres et tachées de sang. Un cauchemar. Ou peut-être pas. Elle n'a jamais eu peur du sang, ni eu de dégoût profond à sa vue. Mais tout ceci est tout de même quelques peu inquiétant. Mais elle ne dit rien. Elle reste de marbre. Elle contrôle sa respiration. Elle examine la situation. Méthodiquement. Même si elle n'a aucunes informations sur ce qu'il faut faire. Il lui faudra probablement emprunter une des portes. Mais laquelle. Elles se ressemblent toutes. Identiques. C'en est déconcertant. Comme une illusion parfaite, une symétrie répétée à l'infini. Enfin elle se permet à elle-même de jauger son compagnon d'infortune. « Si une idée te vient à l'esprit, Georgiev, c'est le moment ou jamais. » Sa voix est froide et distante. Elle ne compte pas véritablement sur son aide. On n'est jamais mieux servis que par soi-même. Elle s'avance encore plus vers les portes. Sans les toucher. Mais en les examinant du regard. En tentant de déceler de quelconques failles. Mais quelle que soit la porte elles sont toutes identiques, parfaites, sans un seul défaut, avec ce même sang, ces même empreintes. Même le bois choisi pour confectionner la porte semble être identique. On est foutus.