“Plus la montagne est haute, Plus la vallée est profonde.”ALASKA

Depuis qu’Alaska faisait la tête, le dîner continuait sous un silence plombant. Le plat principal laissait place à un dessert glacé aussi froid que l'ambiance qui régnait dans la salle à manger. Trois minutes après, Alaska sortait de table et sans qu'elle leur adresse un mot de trop.
À 20h45 elle était déjà au lit. Les petits soucis de l’après-midi les avaient tous éreintés, et le visage d’Alaska   était marqué de son coup de fatigue.  C’est ainsi qu’elle entamait un sommeil profond. En dépit de sa qualité, son repos se révélait être très agité durant la nuit.
Dans son rêve apparaissait un  homme brun et aux yeux extraordinairement bleus, à la peau blafarde, habillé d’une robe bordeaux et élégante; c’était un homme  beau et magnétique, mais ce n’était pas que ce physique qui subjuguait Alaska . Le sorcier faisait quelque chose d’étonnant.
Sa main gauche perdait goutte à goutte du sang; il tenait un bout de bois couvert d’épines qui maintenait fermement; de sorte que les épines s'incrustèrent sur la paume et les doigts de sa main. Ce bout de bois était un mystère pour Alaska; il ne paraissait pas être une baguette magique, néanmoins, ce n’était pas non plus un simple bout de bois que détenait l’homme. Le bois était de couleur jaune ambré, et il scintillait dans cet endroit quasiment sans lumière où Alaska et lui se rencontraient pour la première fois.
Alaska ne savait pas trop quoi penser de ce rêve ; elle ne savait pas aussi qui était cet homme qui paraissait avoir une vingtaine d’années; heureusement elle portait son regard à l’endroit où elle se trouvait, tenant sans doute à trouver une issue pour s’échapper de cet homme étrange, et reconnut un lieu qu’elle connaissait fort bien: la bibliothèque de Poudlard.
Elle regardait l’endroit une seconde fois plus attentivement que la première fois. Elle voulait être sûre de ne pas se tromper.  Pourquoi était, elle présente dans ce lieu? La réponse se trouvait potentiellement dans  son propre accoutrement. Elle se vêtait de l’uniforme de son enfance, habillée en plus de l’écharpe bleu et gris. Elle venait d’avoir vingt-trois ans et se retrouvait une nouvelle fois à l’école de sorcellerie de Grande-Bretagne. Qu’est-ce qu’elle faisait ici à son âge? Elle voulait poser la question à cet homme, toutefois elle avait peur que ce ne soit pas une bonne idée. Il l’a pétrifiée avec son bout de bois doré et épineux tout de même. Elle devait donc se résigner à partir sans rien demander, sans rien savoir. Pendant qu'elle se disposait à partir, en faisant un premier pas vers la sortie, l'homme s'approchait d'elle précipitamment, en courant et se jetant sur la jeune femme. Alaska avançait dans ce rêve de surprise en surprise: cet homme, quoiqu'elle n'ait pas pu s'attendre qu'il soit immobile, se retrouvait au-dessus d'elle après n'avoir fait aucun geste. Il avait pris le temps de la surprendre, au moment même, elle songeait à s'en aller, mais lui était plus malin qu'elle. Il était évident qu'il lui fit du mal. Dès lors qu'elle était à sa merci, le bout de bois devenait une arme contre sa personne: en conséquence, il était un homme mauvais en frottant les épines sur le visage de la pauvre femme qui se débattait sans succès.
-Oh, s'écria-t-elle d'une voix forte et claire, laissez moi tranquille. Je vous jure que si vous ne me laissiez pas tranquille, je vous tuerais.
-Non Alaska,lui répondit-il d'une voix chantante,Alaska, tu n'as rien à craindre, je viens pour t'aider. Je suis ton ami.
-Ah! quelle idée, lui disait-elle, me sauver,  m'aider… mais de quoi? Je n'ai pas de problème et je n'ai besoin de personne. De plus je ne suis pas TON amie. On ne se connaît pas tout de même!
-Si tu me connais, dit-il doucement, ne reconnais-tu pas cette voix! Tu l'entends tous les jours!
Alaska fixa ses grands yeux bleus sur les siens, cherchant à savoir si elle le reconnaissait; puis tout à coup elle se reconnut comme dans un miroir. L'homme devenait subitement son double, en plus grande, en plus forte.
-Je suis celle à ce que tu désires être dans tes rêveries, lui disait sa jumelle,depuis ton enfance, tu rêves d'être toi en mieux. Oui, c'est moi qui comme un homme avec assez d'intelligence pour décider ce qui est bien pour elle. Tu te souviens de certaines de tes lectures.
-Cela suffit, s'écriait Alaska. Je ne suis pas cette fille qu'il vous faut. Ce ne sont que de vaines pensées. Mes problèmes sont insignifiants. Je suis comme tout le monde. Tout le monde désire qu’on lui porte attention, n’est-ce pas? Certaines de mes lectures ne me servent rien qu’à m’instruire....
Un vacarme assourdissant interrompait la jeune femme.  Alaska regardait autour d’elle, les livres de la bibliothèque s’évadaient de leurs rayons comme par magie. Aussitôt tous les livres les assaillaient elle et sa jumelle; cette dernière aurait profité de ce moment pour donner un baiser aux lèvres d’Alaska.
Le lendemain,  Alaska se réveillait aux premières lueurs jours.  Elle s’extirpa des couvertures de son lit comme à son  habitude. Elle ressentait toujours la même fatigue de la veille, cependant, elle ne faisait pas attention à celle-ci. Alaska s’était éveillé  en essayant de ne pas  se soucier de quoi que ce soit. Les matins se ressemblent, ou alors c’est ce que la jeune femme semblait vouloir. Selon elle  le seul détail qu’il ne lui semblait pas banal, c’était bien qu’elle se loge encore chez ses parents, quelques jours après la fête de Noël. Elle n’en avait plus très envie, et pourtant, elle habitait encore dans la maison de famille, cette maison qui lui paraissait étroite et étouffante, où elle n’avait pas pu retrouver sa place de petite soeur, de cousine et encore moins celle de fille cadette. Elle n’avait pas l’impression qu’elle n’appartenait plus à la famille, au contraire elle pensait être toujours de la famille Potter, mais tous les petits conflits l’emmenaient à se dire que sans elle, les autres membres du clan auraient tous passaient avec brio les célébrations de Noël.
Dorénavant, Alaska présentait les choses plus importantes qu’elles n’étaient.  Elle se souvenait, en buvant son lait de poule dans la cuisine, qu’elle n’était pas soi-disant l’ange qu’elle prétendait être; Dans ses rêveries, ses mauvaises pensées lui donnaient une autre nature. Heureusement, elle ne faisait pas tout pour réaliser ses rêves, elle croyait avoir de la  morale; et elle pensait que cette morale suffisait depuis toujours.